De nouveaux objectifs thérapeutiques exigent de nouveaux médicaments

State of the Art

Lors du «MS State of the Art Symposium 2024», le Professeur Andrew Chan a présenté un aperçu des nouvelles options thérapeutiques et de celles en cours de développement.

Dans la première partie de son exposé, le Professeur Chan (Hôpital de l’Île, Berne) a souligné que non seulement l’offre de médicaments évoluait en permanence, mais que les objectifs du traitement de la sclérose en plaques changeaient également. Pendant longtemps, le traitement visait surtout à prévenir les poussées et l’apparition de nouvelles modifications dans le cerveau et la moelle épinière. «Les médicaments très efficaces dont nous disposons aujourd’hui donnent de bons résultats en ce qui concerne cette partie du traitement de la SEP», a déclaré le Professeur Chan.

 

Dégradation même en l’absence de poussées

De récentes découvertes montrent que la maladie progresse de manière insidieuse, indépendamment des poussées, même aux stades précoces d’une SEP récurrente-rémittente. Ce processus peut se déclencher très tôt dans l’évolution de la SEP et contribuer à l’aggravation de l’état de la personne atteinte. Les médicaments disponibles à ce jour ne sont pas encore suffisamment efficaces pour maîtriser cette phase de la maladie, et il est donc nécessaire de poursuivre la recherche et d’en développer de nouveaux.

 

Médicaments nouvellement autorisés

La deuxième partie de l’exposé du Professeur Chan a également porté sur les nouveaux médicaments. Alors qu’aucune nouvelle substance n’a été mise à disposition en Suisse en 2023, l’ublituximab a été autorisé dans l’Union européenne. Il s’agit d’un anticorps qui, comme l’ocrélizumab ou l’ofatumumab, s’attaque à certaines cellules du système immunitaire (lymphocytes B). Afin d’améliorer encore son efficacité, la structure de l’ublituximab a été modifiée. «Cela pourrait avoir l’avantage, entre autres, de pouvoir administrer des doses plus faibles», a expliqué le Professeur Chan.

Dans le domaine des maladies du spectre de la neuromyélite optique (NMOSD), dont le tableau clinique est très proche de celui de la SEP, le Professeur Chan a parlé d’une nouvelle substance, le ravulizumab, qui a été autorisée en Suisse en 2023. Le ravulizumab présente un avantage par rapport à l’eculizumab déjà disponible: il ne doit être administré que toutes les huit semaines au lieu de toutes les deux semaines.

 

Regard sur l’avenir

Dans la dernière partie de son exposé, le Professeur Chan a abordé brièvement différents traitements contre la SEP qui en sont encore aux premiers stades de développement. Il s’agit notamment de plusieurs représentants de la classe des inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (BTK). Ces substances présentent plusieurs propriétés qui pourraient être bénéfiques pour le traitement de la SEP. Elles sont par exemple capables de franchir la barrière hémato-encéphalique et d’agir sur le système nerveux central. Certains inhibiteurs de la BTK font actuellement l’objet d’études chez des personnes atteintes de SEP primaire ou secondaire progressive. C’est précisément pour ces formes d’évolution de la maladie que le besoin de nouveaux traitements reste grand.

Le frexalimab, un anticorps qui intervient dans l’activation de différentes cellules immunitaires (notamment les lymphocytes T et B), constitue une autre nouvelle approche dans le traitement de la SEP. Dans les études de moindre envergure réalisées jusqu’à présent, la substance a notamment montré un effet positif et durable sur les changements dans le cerveau. Le frexalimab fait maintenant l’objet d’autres études.

Pour conclure, le Professeur Chan a évoqué les cellules CAR-T, une forme de traitement déjà utilisée avec succès pour différentes formes de leucémie. Les recherches sur son application à des maladies telles que la SEP n’en sont toutefois qu’à leurs balbutiements. «L’idée de ce traitement est, en quelque sorte, de redémarrer le système immunitaire avec ces lymphocytes T particuliers», a-t-il expliqué. Selon lui, il s’agit d’une approche vraiment intéressante qui devrait être poursuivie.

 

«MS State of the Art Symposium»

Le «MS State of the Art Symposium» est le plus grand congrès spécialisé de Suisse consacré à la sclérose en plaques, organisé par la Société suisse SEP et son Conseil scientifique et médical. Le symposium 2024 s’est tenu le 27 janvier au KKL de Lucerne.

 

MS State of the Art Symposium 2024