Une nouvelle forme d’étude apporte des réponses à certaines questions pertinentes au quotidien
State of the ArtLes études scientifiques portant sur de nouveaux médicaments ou procédés thérapeutiques font partie des piliers de la médecine. Avant d’être commercialisé, un nouveau médicament fait l’objet d’études, notamment d’études dites randomisées. Les participant-e-s sont affecté-e-s aléatoirement (= randomisés) à l’un des deux groupes.
Un groupe est alors traité avec l’une des méthodes thérapeutiques (par exemple un nouveau médicament), l’autre avec une autre méthode thérapeutique (ou, dans certains cas particuliers, avec un faux médicament, c’est-à-dire un placebo). Cette procédure permet de comparer les avantages et les inconvénients des méthodes thérapeutiques.
Le quotidien n’est pas suffisamment représenté
Du point de vue d’une personne atteinte, il serait surtout important de savoir si une nouvelle méthode thérapeutique est meilleure que celle utilisée jusqu’à présent. Toutefois, actuellement, seules les personnes répondant à certains critères prédéfinis peuvent participer aux études. Ainsi, les personnes de plus de 65 ans, les personnes ayant plusieurs antécédents médicaux et même les femmes enceintes, pour ne citer que quelques exemples, ne sont jamais ou que très rarement représentées dans de telles études. Les populations étudiées ne reflètent donc pas la grande variété de personnes aux antécédents médicaux les plus divers dont un ou une médecin s’occupe au quotidien dans son cabinet.
Études avec des résultats pertinents au quotidien
Le PD Dr méd. Lars Hemkens du Centre de recherche en neuroimmunologie clinique et en neurosciences (RC2NB) de Bâle s’est donc prononcé en faveur d’études «pragmatiques». «Pragmatique signifie que de telles études portent sur des aspects véritablement pertinents pour la pratique quotidienne», a-t-il expliqué. Pour y parvenir, de telles études intègrent par exemple des informations relatives à la manière dont les personnes atteintes d’une certaine maladie sont traitées au quotidien, et à l’impact des différents traitements sur l’évolution future de la maladie. «Cela nous permet de savoir quelle stratégie de traitement est la meilleure dans une situation donnée. L’approche thérapeutique future peut alors être adaptée en conséquence», a-t-il déclaré.
MultiSCRIPT: étude pragmatique sur la SEP
Le deuxième orateur de l’atelier, le professeur Dr méd. Özgür Yaldizli, également du RC2NB à Bâle, a ensuite présenté MultiSCRIPT, la première étude pragmatique nationale au monde dans le domaine de la SEP, actuellement en cours. MultiSCRIPT étudie si une nouvelle stratégie de traitement personnalisée est meilleure que la procédure standard utilisée jusqu’à présent. L’étude se base sur les données des personnes atteintes de SEP, collectées en continu dans le cadre de la cohorte suisse sur la SEP (SMSC). Il s’agit notamment des résultats d’examens d’imagerie et d’analyses d’échantillons de sang. «Le grand avantage, c’est que nous n’avons pas besoin de mobiliser exprès les personnes atteintes. Nous pouvons simplement utiliser les résultats des examens de contrôle habituels chez les médecins traitants, à condition que les personnes concernées aient donné leur accord», a expliqué le professeur Yaldizli.
La première mission de MultiSCRIPT est maintenant de montrer si la détermination du taux de neurofilaments à chaîne légère dans le sang des personnes atteintes de SEP (en tant que signe de lésions nerveuses dans le système nerveux central) peut être utilisée pour influencer positivement l’activité de la maladie et la qualité de vie. En fonction de la valeur déterminée, le traitement peut être intensifié ou réduit. «Après trois ans et demi, nous saurons si cette procédure est utile et si elle doit devenir la norme», a déclaré le professeur Yaldizli. MultiSCRIPT devient ainsi un système «apprenant» dans lequel les connaissances acquises sont intégrées à la pratique quotidienne. Après avoir répondu à cette première tâche, MultiSCRIPT servira à étudier d’autres questions prometteuses et pratiques.
«MS State of the Art Symposium»
Le «MS State of the Art Symposium» est le plus grand congrès spécialisé de Suisse consacré à la sclérose en plaques, organisé par la Société suisse SEP et son Conseil médico-scientifique. Le symposium 2024 s’est tenu le 27 janvier au KKL de Lucerne.