Y a-t-il du nouveau sur les aspects de la SEP relatifs au sexe?

ECTRIMS

Dans l’article suivant, PD Dre. méd. Anke Salmen, membre du Conseil médico-scientifique de la Société suisse SEP, résume des informations sur les aspects de la SEP relatifs au sexe issues du congrès spécialisé ECTRIMS 2021.

Au cours des derniers événements et congrès, les aspects de la SEP relatifs au sexe ont souvent été abordés de manière ciblée, aussi bien d’un point de vue social que sur le plan du contenu scientifique. En revanche, lors du dernier congrès du «European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis» (ECTRIMS), ce thème a été relativement peu évoqué.

Que désignent les «aspects de la SEP relatifs au sexe»?

Nous savons que la SEP touche plus souvent les femmes que les hommes et que la maladie n’évolue pas de la même manière dans ces deux cas. Les différences biologiques entre les hommes et les femmes soulèvent de nombreuses questions. On veut par exemple savoir si les traitements ont des effets différents, s’ils interagissent avec d’autres médicaments (comme la pilule), etc. On regroupe ces aspects sous le terme «sexe», à savoir les phénomènes biologiques qui se présentent dans ce contexte. Il existe en outre des facteurs sociétaux et sociaux relatifs au genre, comme l’éducation ou les études, qui ont notamment une influence sur la perception de la maladie et le système de santé.

Dans le cadre du programme scientifique, la recherche des termes «sexe» et «genre» a donné seulement huit résultats individuels; huit présentations sur posters, dont deux traitaient des symptômes des troubles des fonctions sexuelles, ce qui, à vrai dire, n’est pas le sujet qui nous intéresse ici. Un autre abordait un système expérimental qui consistait à examiner l’influence du sexe.

Les cinq autres présentations doivent faire l’objet d’une brève discussion

Une analyse américaine (assez peu étoffée) a montré que la période entre le début des premiers symptômes et l’obtention du diagnostic d’une SEP était plus longue chez les hommes que chez les femmes. L’une de nos analyses du Registre suisse de la SEP réalisée en 2018 ne nous avait pas permis de parvenir à ce résultat. En effet, les constats peuvent varier entre deux systèmes de santé différents.

Notre groupe a présenté une évaluation issue d’un registre international des médicaments qui lui a permis de démontrer que le fait d’être une femme, jeune et de faible poids augmentait le risque de neutropénie, une perte généralement provisoire d’une partie des globules blancs, dans le cadre d’un certain traitement de la SEP. Pour la sécurité des médicaments, de telles analyses constituent un élément important pour mieux comprendre les effets secondaires des traitements et pour optimiser les schémas thérapeutiques.

Une étude italienne s’intéressant aux performances dans le cadre de tests cognitifs a déterminé que les hommes (même en bonne santé) avaient ici tendance à obtenir de moins bons résultats que les femmes. Parmi les personnes atteintes de SEP cependant, les femmes au niveau de formation élevé avaient mieux réussi certaines parties des tests que les femmes moins diplômées, ce qui ne s’est pas retrouvé chez les hommes. Si cet effet se confirme de nouveau, dans l’idéal avec différentes sortes de tests afin de pouvoir exclure l’influence de la méthode d’analyse, cela constituerait un argument bien fondé pour affirmer qu’il faudrait peut-être appliquer des stratégies de formation différentes pour les performances cognitives chez les hommes, les femmes et en fonction du niveau de formation.

Une autre étude italienne est parvenue à montrer que les hommes atteints de SEP avaient plus de risques que les femmes atteintes de SEP de voir certaines zones de leur cerveau s’atrophier, et que la fatigue semblait liée à cette observation. D’autres analyses sont nécessaires pour déterminer l’origine précise de ces interactions et savoir s’il serait possible d’utiliser l’IRM avec cette mesure de volume, par exemple pour des études thérapeutiques dans ce domaine.

La dernière étude s’est basée sur l’analyse de tissus cérébraux humains pour démontrer qu’il existait des différences significatives entre les hommes et les femmes dans la production locale d’hormones, au niveau de certains foyers inflammatoires de la SEP dans le cerveau, à la limite entre les substances blanche et grise. Ces différences pourraient contribuer au fait que les hommes sont moins bien protégés face à l’apparition de ces mêmes inflammations. Ce constat corrobore le fait que les différences biologiques liées au sexe ne concernent pas seulement le cycle et la production des hormones sexuelles au sens propre, mais que d’autres voies de signalisation peuvent aussi intervenir au niveau cellulaire dans l’ensemble du corps, même dans le cerveau.

Conclusion: des recherches plus poussées sont nécessaires

Même si les présentations concernant les différences liées au sexe dans la SEP n’étaient pas nombreuses lors de l’ECTRIMS, et que de manière générale, le congrès ne portait pas vraiment sur ce sujet, les présentations mentionnées ici prouvent son étendue et son importance, et nous montrent que nous n’en sommes qu’au tout début de nos recherches. Pour progresser dans le traitement de la SEP, il est impératif de poursuivre nos investigations sur les aspects liés au sexe.

Ces résultats ont été présentés lors de l’«ECTRIMS 2021». Le congrès sur la SEP s’est tenu par voie numérique du 13 au 15 octobre 2021.

Texte: PD Dre. méd. Anke Salmen, Hôpital de l’Île de Berne, membre du Conseil médico-scientifique de la Société SEP