Traitements actuels et perspectives - soirée d’informations à Genève

Le 7 février dernier à Genève,  le Dr Serge Roth, neurologue exerçant sur place depuis de nombreuses années, a animé cette soirée d’information interactive et très riche en contenu.

 

Le Dr. Roth a commencé par informer qu’il y aurait à la fin 2017 treize traitements de fonds disponibles pour lutter contre la sclérose en plaques (SEP), ce qui représente une grande avancée depuis les années 90.

L’année 2017 va également voir apparaître l’un des premiers traitements pour la forme de SEP primaire progressive.

Comment choisir un traitement?

Le Dr Roth commence par rappeler qu’il faut  tenir compte de multiples éléments lorsqu’on doit choisir un traitement de fonds  dans le cadre de la SEP.

Le neurologue doit prendre en compte le type de SEP, le pronostic de la maladie et les projets de vie de la personne (grossesse par exemple).

De plus, une des questions qui revient souvent est: comment débuter le traitement de fonds et avec quelle intensité? Pour répondre à ce défi,  il faut tenir compte de l’efficacité du traitement qui est envisagé, des effets secondaires qui peuvent être plus ou moins sérieux selon le traitement et de la compliance (facilité d’utilisation, fréquence et type de contrôles, …).

Enfin, on doit également savoir si le patient souffre d’autres maladies en dehors de la SEP, s’il voyage souvent (facilité de transport, de conservation ou non du traitement), s’il a peur des injections et surtout si le traitement est disponible et remboursé.

Le neurologue a la responsabilité de transmettre toutes ces informations et le patient doit les intégrer pour essayer de trouver au final, en accord avec son médecin,  la meilleure solution possible.

Evaluation de la dangerosité de la SEP en 2017

Il y a deux parties dont on doit tenir compte pour évaluer la dangerosité de la SEP. Il y a toujours une partie visible qui est représentée par les symptômes et une partie non visible observable à l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique).

Pour l’instant, il n’y a aucun traitement qui permet de réparer ce que la personne a perdu à cause de la SEP.

Le Dr Roth a présenté les facteurs sur lesquels il se base pour établir un pronostic de SEP.

Il y a d’abord des facteurs démographiques. Ainsi, chez un homme âgé de plus de 40 ans et fumeur, le pronostic serait moins bon.

Il y a ensuite des facteurs cliniques: le nombre de poussées, le délai entre la première et la deuxième poussée, leur fréquence par année, la récupération et l’évolution sur le plan neurologique.

Enfin, les lésions localisées à l’IRM donnent également des informations importantes sur le pronostic.

Un suivi proactif

Selon le Dr. Roth, il est important de voir régulièrement les patients afin de faire des examens neurologiques et un IRM.

Si l’IRM est stable et qu’il n’y a pas de changement sur les plans neurologique et clinique, on va continuer le même traitement. S’il y a au contraire beaucoup d’activité sur l’IRM, on va devoir revoir la stratégie de traitement.

Les derniers traitements de fonds

Le Dr. Roth nous a ensuite brièvement présenté les nouveaux venus en matière de traitements de fonds.

Plegridy (Interféron Beta)
Il s’agit d’un interféron retard qui implique une injection chaque deux semaines seulement.

Lemtrada (Alemtuzumab)
Ce traitement est disponible depuis début 2015 en Suisse. Il s’est montré très efficace mais n’est pas dépourvu de risques, ce qui explique le petit nombre de patients atteints de SEP suivant ce traitement en Suisse.

Copaxone 40mg (Glatiramer acetate)
Ce traitement va arriver au printemps 2017. Il est identique au Copaxone 20mg mais le dosage différent permet au patient 3 injections par semaine (au lieu de tous les jours). L’efficacité ainsi que les effets secondaires sont comparables au Copaxone 20mg.

Zinbryta (Daclizumab)
Il devrait arriver en Suisse en avril 2017.

Les patients traités sont pour l’instant seulement ceux qui ont participé aux études. Son efficacité à été comparée à celle de l’Avonex (Interferon Beta). Il se prendra sous forme d’injection une fois par mois. Les patients pourraient présenter, comme effets secondaires, des problèmes de peau, un gonflement au niveau des ganglions ou des problèmes au foie ce qui implique une prise de sang une fois par mois.

Ocrelizumab
Il devrait arriver en Suisse en 2017 également. Il a une action au niveau des lymphocytes. Le traitement se prendra sous forme de deux perfusions en l’espace de 6 mois. Les effets secondaires constatés ont démontré des réactions en lien avec la perfusion.

Ocrelizumab et SEP primaire progressive
Une étude a été menée sur l’utilisation de ce médicament pour  la forme primaire progressive. Elle a démontré un effet sur cette forme de SEP pour laquelle il n’y avait pour l’instant rien de réellement efficace. Ceci est une bonne nouvelle, bien que l’étude a démontré une baisse de la progression du handicap de seulement 24%.

Une personne se trouvant en début de forme progressive et qui fait encore des poussées va répondre plus favorablement à ce traitement par rapport à quelqu’un qui n’a pas de poussée depuis longtemps mais une évolution lente des handicaps.

Evaluer les risques de l’immunosuppression

La leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) est une infection rare du cerveau qui peut entraîner de graves complications et qui peut également se révéler être mortelle. La personne pourrait la développer notamment si elle est positive au virus JC et qu’elle prend un traitement d’immunosuppresseurs.

La LEMP est un risque potentiellement présent avec tous les immunosuppresseurs car ils augmentent le risque d’infection. Avec le traitement par Interféron ou par Copaxone, il n’y a aucun risque de LEMP.

Si une personne est positive au virus JC, elle fait partie de la catégorie à risque et elle doit discuter d’un changement de traitement avec son neurologue.

En conclusion, le choix du traitement est une étape complexe pour la personne atteinte de SEP. C’est au patient que revient la responsabilité de choisir en finalité le traitement . Il faut savoir s’il faut privilégier l’efficacité ou la sécurité, tout en étant conscient qu’il est difficile d’avoir les deux aspects réunis dans un traitement de fonds. Des traitements de fonds puissants impliquent des effets secondaires importants. Les conseils des neurologues sont précieux car ce sont eux qui expliquent aux patients quels sont les différents choix possibles. Le Dr. Roth souligne l’importance de la confiance mutuelle médecin- patient.

Nous remercions infiniment le Dr. Roth par sa présentation et sa discussion très accessibles ainsi que les personnes présentes lors de cette soirée d’informations qui l’ont rendue dynamique et interactive par leurs questions et réflexions.