Soirée d’informations - Environnement et SEP: quels liens?

Les embouteillages n’ont pas réussi à atteindre la motivation des quelques 130 personnes venues parfois de loin pour assister à la présentation du Professeur Renaud Du Pasquier et de son équipe de chercheurs sur «l’environnement et la SEP».

 

Le Professeur Du Pasquier travaille en collaboration avec le Dr Myriam Schluep, le Professeur Caroline Pot ainsi que leur équipe de chercheurs. Ils tentent de répondre à la question de  l’influence de l’environnement sur la SEP  en menant de nombreuses recherches dans leur laboratoire. Il était présent à cette soirée accompagné de deux membres de son équipe afin d’expliquer leur travail de recherche.

Quels sont les facteur environnementaux qui influencent la SEP ?

Des facteurs environnementaux combinés avec un certain terrain génétique seraient mis en cause pour le déclenchement de cette maladie neurologique.

Parmi ces facteurs environnementaux, le Pr. Du Pasquier relève tout d’abord une carence en vitamine D. En effet des études montrent qu’un manque de vitamine D pendant l’adolescence favoriserait l’apparition de la SEP.

Le Pr Du Pasquier a beaucoup étudié l’influence du virus Epstein-Barr (EBV) dans l’apparition de la SEP. Une association du virus EBV avec la SEP a pu être constatée mais on n’a pas encore pu en démontrer la cause. Il a pu cependant observer que les adultes non affectés par ce virus ne souffrent pas de SEP. Par contre, il semble que les personnes ayant attrapé ce virus durant l’adolescence auraient plus de risque de développer une sclérose en plaques. Mais il rassure également en précisant  bien que la grande majorité des adolescents infectés par le virus EBV ne développent pas de SEP.

La fumée favoriserait également l’apparition de la maladie et , selon le Pr Du Pasquier, le fait que les personnes atteintes de SEP arrêtent de fumer pourrait ralentir l’évolution de cette dernière.

Enfin, l’alimentation, respectivement l’équilibre de notre flore intestinale jouerait également un rôle dans l’apparition de la SEP, sujet abordé dans un exposé suivant.

Des cellules souches comme terrain de recherche

La recherche fondamentale sur la compréhension des mécanismes en cause dans la SEP est difficile. Le matériel humain fait de cellules nerveuses demeure indisponible, car il ne peut pas être prélevé par biopsie.

Afin de pallier à ce manque, le Pr Du Pasquier et son équipe utilisent un procédé permettant la transformation de cellules du sang en cellules souches (telles qu’embryonnaire) de plusieurs sortes et notamment en cellules cérébrales. La transplantation de ces cellules dans le cerveau de souris permet la poursuite des recherches.

Le but de l’utilisation de cellules souches est de comprendre les mécanismes en cause dans la SEP. On peut imaginer les utiliser également dans un but thérapeutique dans un avenir plus ou moins proche .

Après une pause bien méritée autour d’un apéritif dînatoire, nous reprenons la conférence avec le Dr Donovan Duc, et le Dr Amandine Mathias qui nous expliquent les recherches en cours au sujet d’autres facteurs environnementaux liés à la SEP. 

SEP et flux migratoire

Il y a des différences géographiques dans la prédisposition à contracter une SEP. Les personnes vivant dans l’hémisphère sud sont en effet moins touchées par la SEP que les individus vivant dans l’hémisphère nord.

Concernant le flux migratoire, une personne vivant dans une région à bas risque et qui migre durant son enfance dans une région à plus haut risque, aura autant de chance de développer une SEP qu’une personne qui y a toujours vécu. Par contre, si cette personne vit dans une région à bas risque et part dans une région à plus haut risque à l’âge adulte, elle aura moins de chance de développer une SEP.

Régime alimentaire, obésité et SEP

A ce jour, aucun régime n’a scientifiquement démontré un bénéfice sur la SEP. Cependant des études menées en 2015 sur des souris atteintes de SEP montrent une corrélation entre la consommation de sel et la fréquence de nouvelles poussées. De plus, ces mêmes souris soumises à un régime contenant un important taux de sel ont développé des symptômes plus importants.

L’obésité pourrait également influencer le développement de la SEP. Selon des études menées en 2008 et 2009, l’obésité durant l’adolescence doublerait le risque de développer la maladie. De plus, selon d’autres recherches en cours sur des souris, celles qui sont placées sous un régime avec un taux de graisse élevé présenteraient une SEP plus sévère.

Enfin, le Dr Mathias nous explique que notre flore intestinale est composée d’un à deux milliards de bactéries et que les signaux intestinaux perturbés pourraient engendrer des maladies auto immunes.

Des études en cours ont en effet mis en évidence un déséquilibre dans le microbiote intestinal (flore intestinale) des personnes atteintes de SEP, mais cela est encore au stade de la recherche et actuellement aucun régime n’est scientifiquement reconnu efficace pour le traitement ou pour la guérison de la SEP.

En conclusion, la SEP est une maladie multifactorielle qui est influencée pas différents facteurs environnementaux. De nombreuses recherches sont en cours afin d’en apprendre plus sur ces facteurs environnementaux et sur la SEP.

Nous remercions vivement les intervenants présents lors de cette soirée pour leurs présentations très intéressantes et accessibles à un large public ainsi que pour leur disponibilité pour répondre aux questions des participants. Malgré le contenu très technique des présentations, les personnes présentes ont en effet posé des questions pertinentes et ont donc contribué à rendre cette soirée interactive et riche en échanges et questionnements.